Comment éviter le syndrome de la balançoire ?

Je crois que c’est l’un des dessins les plus courants en entreprise que je connaisse: le processus de conception et de développement d’une balançoire vu par différents acteurs. Le dessin illustre en plusieurs vignettes les différences d'interprétation et de mise en œuvre du projet… bien éloignées du besoin client. C’est pour ne pas tomber dans cet écueil que la phase « analyse fonctionnelle » dans le déroulé d’un projet est essentielle. Il s’agit de de définir les fonctions essentielles d’un produit à même de satisfaire les besoins exprimés par le client.  Réunie en visio le lundi 20 avril, l’équipe Corona a entamé cette phase. L’exercice n’est pas facile. Comme nous l’a rappelé André, coach à la manœuvre pour cet atelier avec Valentina : « on a tous envie d’aller au résultat, c’est une erreur ».

 

Pour établir le cahier des charges fonctionnel de notre projet, nous disposons d’un certain nombre d’informations en entrée, le Lean canevas, la fiche juridique et la fiche marché auxquels sont venus s’ajouter les résultats du questionnaire « Et si vous pouviez conserver vos fruits et légumes frais plus longtemps ? ». Diffusée une semaine plutôt, notre enquête enregistre le jour de l’atelier 316 réponses. En attendant un dépouillement complet (des réponses continuent 🙂), nous avons pu tirer plusieurs enseignements relatifs aux profils des répondants qui nous seront utiles pour notre étude de marché. Pour l’heure, nous nous sommes concentrés sur le rapport de nos répondants avec la question du stockage et conservation des fruits et légumes frais. Des réponses confirment  certaines de nos intuitions et qui vont orienter la description des fonctions souhaitées pour notre produit.  Pour ce faire le parcours de l’arche s’appuie sur une méthodologie, en trois étapes, inspirées de méthodes industrielles existantes telles FAST et APTE.

  • La Méthode FAST (Function Analysis System Technic) : outil graphique de description fonctionnelle. Il  se construit sur la logique d’un questionnement : comment la fonction doit-elle être assurée ? Pourquoi la fonction doit-elle être assurée ? Quand cette fonction doit-elle être assurée ?Pour en savoir plus   
  • La Méthode APTE® (APplication aux Techniques d' Entreprise) : méthode d’analyse fonctionnelle et d'analyse de valeur pour la conduite de projets d’innovation et d’optimisation. Elle utilise plusieurs outils tel  le "Diagramme Pieuvre"

Trouver trois mots-clés  

Par mot-clé, il faut entendre ici une sorte de phrase d’intention ou groupe de mots définissant les services rendus par le produit. André nous donne l’exemple historique du parcours de l’Arche, le rasoir. Pour ce produit, le premier mot clé est « dispositif coupant les poils humains du visage, facilement manipulable, adaptable à tout type de morphologie du visage,  fonctionnant de façon durable sans énergie externe, ne présentant pas de danger en utilisation normale, lavable ». Soit près de 233 caractères espaces compris ! Se lancer dans ce genre d’exercice est très engageant. Il met en évidence l’importance des mots choisis dans la mesure où ils influencent le type de solution. Il faut pour chaque terme penser fonctionnel, c’est-à-dire au besoin et éviter d’évoquer les solutions techniques envisagées.

Pourquoi trois mots-clés ? Le premier décrit les fonctions de base et indispensables du produit. Le second concerne les fonctions complémentaires (ou celles qu’on réserve sous forme d’options). Enfin le troisième évoque les interactions entre les deux précédents, autrement dit, comment on articule les fonctions complémentaires par rapport aux fonctions de base. Nous sommes parvenus à définir nos trois mots-clés. Notre solution commence à prendre forme dans nos esprits, et avec les étapes suivante, encore un peu plus.

 

Traduire nos trois mots-clés en fonctions  

Une fois que nous disposons de nos mots-clés, nous pouvons identifier les fonctionnalités associées à chacun, et prenant en compte le cycle de vie complet du produit. Pour reprendre l’exemple du rasoir. Au mot-clé   « dispositif coupant les poils humains du visage, facilement manipulable, adaptable à tout type de morphologie du visage,  fonctionnant de façon durable sans énergie externe, ne présentant pas de danger en utilisation normale, lavable », on peut associer plusieurs fonctions :

- Être tenu à la main

- Inclure un dispositif de coupe

- S’adapter aux contours du visage

- Protéger la  peau contre les coupures

- (Pouvoir) changer le dispositif de coupe (en cas d’usure)

- Résister à l’eau et au savon

- …

A l’issue de plus d’une heure de brainstorming, toujours en visio (ce qui est loin d’être commode 🙂), nous sommes parvenus à identifier 16 fonctions. Derrière les mots, chacun ne  voyait pas la même chose, ce qui est évident pour l’un ne l’est pas pour l’autre. Et, cela n’a pas manqué, il nous est arrivé de  penser solution technique  avant de finir de définir la fonction ! Un travail concluant que nous finaliserons à l’issue des résultats de l’enquête.

 

Classer nos fonctions 

Nous voilà donc avec 16 fonctions. Dans la troisième étape, nous allons les qualifier en les questionnant une à une pour leur attribuer une sorte de statut.

  • Est-ce utile ou pas ? ce sera une fonction d’usage.
  • Est-elle mesurable ? (taille, poids, résistance des matériaux..) ? ce sera une fonction technique.
  • Favorisera-t-elle  l’acte d’achat ? ce sera une fonction d’estime.

Ces classifications sont importantes pour notre produit : elles vont influer sur le choix des composants, sur sa conception et sur le coût. Certaines, à l’étape suivante seront ainsi gardées ou pas…

 

Bouchra

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Commentaires: 2
  • #1

    Jean-Pierre (jeudi, 23 avril 2020 20:18)

    Très clair! Merci

  • #2

    Didier (dimanche, 03 mai 2020 19:16)

    Un bon rappel pour tout porteur de projet